Chronique du webzine CULTURESCO
April 19, 202113/11/20
Lux Bas-Fonds : Géraud Bastar au chant et à la guitare, Lézard à l’autre « pelle », Elvire Jouve tant aux fûts qu’aux chœurs et Pat le Black aux grosses cordes, « clermontoisent » depuis 2012. Aux débuts, le patronyme exact du quatuor fonctionne sur le mode « un chanteur et son groupe » : Géraud Bastar & Lux Bas-Fonds. En 2013, c’est sous cette identité que claque leur premier LP, La Forge. L’acier produit cémente et trempe un rock en français aux couleurs plurielles, swamp-rock et post-punk, qui évoque aussi bien The Cramps (Lux Interior ?) qu’Oberkampf. Géraud affûte des textes serrés / sauvages qu’il débourre de sa voix suavement grillagée … à moins que, en bon loup-garou qu’il sait devenir, lui prenne l’envie de les hurler.
Pour Amnésie Internationale, les musiciens n’ont rien lâché, ni leur hargne, ni leur volonté identitaire. Leur rock sent le « cramé » sans verser dans l’incendiaire. Sur des tempos plutôt médium, le quartz des plages tranchent les pavés. Une beauté venimeuse au galbe concupiscent, de celle qui invite à bander … les plaies intérieures : « Ni dieu ni maître », clôt le discours calibré de cet EP. Parfois, la grenaille du conteur invite Arthur H au micro, puis s’offre un p’tit Blankass, Guillaume Ledoux en apéro. « Lemmy » ?! Quelqu’un propose « Mister Killer » ? Surement pour le cambouis, la tête dans le moteur …
Pour « Amnésie internationale », la chanson, l’auditeur avide de références peut s’imaginer, dans l’ordre : une intro à la « Pretty Vacant », des SEx PiStols, suivi d’un riff qui n’est pas sans sonner comme un vieux coup de Téléphone, « Anna » dans le combiné. Puis la route défile, partition poétique, pour un Quatuor du Voyage dont l’autoradio rudoie OTH, Dogs et Thugs en fréquences privées.
Lorsque tant d’évocations viennent aux tympans, c’est que le groupe translate et sinue sur des grilles d’accords qui lui sont propres. Lux Bas-Fonds n’est donc pas la resucée de qui que ce soit mais bien une entité unique qui poudroie, parfois, quelques cendres du passé.
En cette période perturbée, pour éviter la fossilisation, l’ankylose qui nous guette, rendez-vous nous est donné sur le Bandcamp du groupe. Lux Bas-Fonds, à écouter voir / boire et bouger ; un Libertaire pour nous resocialiser.
Thierry Dauge